Livre de Job, chapitre 30
Misère et humiliation de Job
Job 19, 13
Il a éloigné de moi mes frères, Et mes amis se sont détournés de moi ;
[1]
Et maintenant !... je suis la risée de plus jeunes que moi, De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau.
[2]
Mais à quoi me servirait la force de leurs mains ? Ils sont incapables d'atteindre la vieillesse.
[3]
Desséchés par la misère et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps abandonnés et déserts ;
[4]
Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n'ont pour pain que la racine des genêts.
[5]
On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs.
[6]
Ils habitent dans d'affreuses vallées, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers ;
[7]
Ils hurlent parmi les buissons, Ils se rassemblent sous les ronces.
[8]
Etres vils et méprisés, On les repousse du pays.
[9]
Et maintenant, je suis l'objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos.
[10]
Ils ont horreur de moi, ils se détournent, Ils me crachent au visage.
[11]
Ils n'ont plus de retenue et ils m'humilient, Ils rejettent tout frein devant moi.
[12]
Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine ;
[13]
Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux à qui personne ne viendrait en aide ;
[14]
Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les craquements.
[15]
Les terreurs m'assiègent ; Ma gloire est emportée comme par le vent, Mon bonheur a passé comme un nuage.
Ps 102, 4
Car mes jours s'évanouissent en fumée, Et mes os sont enflammés comme un tison.
Ps 7, 4
Éternel, mon Dieu ! si j'ai fait cela, S'il y a de l'iniquité dans mes mains,
Ps 88, 1
Cantique. Psaume des fils de Koré. Au chef des chantres. Pour chanter sur la flûte. Cantique d'Héman, l'Ézrachite.
[16]
Et maintenant, mon âme s'épanche en mon sein, Les jours de la souffrance m'ont saisi.
[17]
La nuit me perce et m'arrache les os, La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos,
[18]
Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme, Il se colle à mon corps comme ma tunique.
[19]
Dieu m'a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre.
[20]
Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ; Je me tiens debout, et tu me lances ton regard.
[21]
Tu deviens cruel contre moi, Tu me combats avec la force de ta main.
[22]
Tu mu soulèves, tu mu fais voler au-dessus du vent, Et tu m'anéantis au bruit de la tempête.
[23]
Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au rendez-vous de tous les vivants.
[24]
Mais celui qui va périr n'étend-il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur n'implore-t-il pas du secours ?
[25]
N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné ? Mon coeur n'avait-il pas pitié de l'indigent ?
[26]
J'attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ; J'espérais la lumière, et les ténèbres sont venues.
[27]
Mes entrailles bouillonnent sans relâche, Les jours de la calamité m'ont surpris.
[28]
Je marche noirci, mais non par le soleil ; Je me lève en pleine assemblée, et je crie.
[29]
Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.
[30]
Ma peau noircit et tombe, Mes os brûlent et se dessèchent.
[31]
Ma harpe n'est plus qu'un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs.