Livre de Job, chapitre 29
Monologue de Job, prospérité et bonheur passés
Ps 128, 1
Cantique des degrés. Heureux tout homme qui craint l'Éternel, Qui marche dans ses voies !
Es 58, 10
Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim, Si tu rassasies l'âme indigente, Ta lumière se lèvera sur l'obscurité, Et tes ténèbres seront comme le midi.
Ps 112, 1
Louez l'Éternel ! Heureux l'homme qui craint l'Éternel, Qui trouve un grand plaisir à ses commandements.
Ps 1, 1
Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs,
[1]
Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit :
[2]
Oh ! que ne puis-je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,
[3]
Quand sa lampe brillait sur ma tête, Et que sa lumière me guidait dans les ténèbres !
[4]
Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente,
[5]
Quand le Tout Puissant était encore avec moi, Et que mes enfants m'entouraient ;
[6]
Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile !
[7]
Si je sortais pour aller à la porte de la ville, Et si je me faisais préparer un siège dans la place,
[8]
Les jeunes gens se retiraient à mon approche, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
[9]
Les princes arrêtaient leurs discours, Et mettaient la main sur leur bouche ;
[10]
La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.
[11]
L'oreille qui m'entendait me disait heureux, L'œil qui me voyait me rendait témoignage ;
[12]
Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
[13]
La bénédiction du malheureux venait sur moi ; Je remplissais de joie le cœur de la veuve.
[14]
Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
[15]
J'étais l'œil de l'aveugle Et le pied du boiteux.
[16]
J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu ;
[17]
Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
[18]
Alors je disais : Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront abondants comme le sable ;
[19]
L'eau pénétrera dans mes racines, La rosée passera la nuit sur mes branches ;
[20]
Ma gloire reverdira sans cesse, Et mon arc rajeunira dans ma main.
[21]
On m'écoutait et l'on restait dans l'attente, On gardait le silence devant mes conseils.
[22]
Après mes discours, nul ne répliquait, Et ma parole était pour tous une bienfaisante rosée ;
[23]
Ils comptaient sur moi comme sur la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie du printemps.
[24]
Je leur souriais quand ils perdaient courage, Et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front.
[25]
J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête ; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.