Livre de Job, chapitre 31
Conclusion de Job : il n'a rien à se reprocher
Ps 7, 4
Éternel, mon Dieu ! si j'ai fait cela, S'il y a de l'iniquité dans mes mains,
Ps 17, 1
Prière de David. Éternel ! écoute la droiture, sois attentif à mes cris, Prête l'oreille à ma prière faite avec des lèvres sans tromperie !
[1]
J'avais fait un pacte avec mes yeux, Et je n'aurais pas arrêté mes regards sur une vierge.
[2]
Quelle part Dieu m'eût-il réservée d'en haut ? Quel héritage le Tout Puissant m'eût-il envoyé des cieux ?
[3]
La ruine n'est-elle pas pour le méchant, Et le malheur pour ceux qui commettent l'iniquité ?
[4]
Dieu n'a-t-il pas connu mes voies ? N'a-t-il pas compté tous mes pas ?
[5]
Si j'ai marché dans le mensonge, Si mon pied a couru vers la fraude,
[6]
Que Dieu me pèse dans des balances justes, Et il reconnaîtra mon intégrité !
[7]
Si mon pas s'est détourné du droit chemin, Si mon cœur a suivi mes yeux, Si quelque souillure s'est attachée à mes mains,
[8]
Que je sème et qu'un autre moissonne, Et que mes rejetons soient déracinés !
[9]
Si mon cœur a été séduit par une femme, Si j'ai fait le guet à la porte de mon prochain,
[10]
Que ma femme tourne la meule pour un autre, Et que d'autres la déshonorent !
[11]
Car c'est un crime, Un forfait que punissent les juges ;
[12]
C'est un feu qui dévore jusqu'à la ruine, Et qui aurait détruit toute ma richesse.
[13]
Si j'ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante Lorsqu'ils étaient en contestation avec moi,
[14]
Qu'ai-je à faire, quand Dieu se lève ? Qu'ai-je à répondre, quand il châtie ?
[15]
Celui qui m'a créé dans le ventre de ma mère ne l'a-t-il pas créé ? Le même Dieu ne nous a-t-il pas formés dans le sein maternel ?
[16]
Si j'ai refusé aux pauvres ce qu'ils demandaient, Si j'ai fait languir les yeux de la veuve,
[17]
Si j'ai mangé seul mon pain, Sans que l'orphelin en ait eu sa part,
[18]
Moi qui l'ai dès ma jeunesse élevé comme un père, Moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve ;
[19]
Si j'ai vu le malheureux manquer de vêtements, L'indigent n'avoir point de couverture,
[20]
Sans que ses reins m'aient béni, Sans qu'il ait été réchauffé par la toison de mes agneaux ;
[21]
Si j'ai levé la main contre l'orphelin, Parce que je me sentais un appui dans les juges ;
[22]
Que mon épaule se détache de sa jointure, Que mon bras tombe et qu'il se brise !
[23]
Car les châtiments de Dieu m'épouvantent, Et je ne puis rien devant sa majesté.
[24]
Si j'ai mis dans l'or ma confiance, Si j'ai dit à l'or : Tu es mon espoir ;
[25]
Si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, De la quantité des richesses que j'avais acquises ;
[26]
Si j'ai regardé le soleil quand il brillait, La lune quand elle s'avançait majestueuse,
[27]
Et si mon cœur s'est laissé séduire en secret, Si ma main s'est portée sur ma bouche ;
[28]
C'est encore un crime que doivent punir les juges, Et j'aurais renié le Dieu d'en haut !
[29]
Si j'ai été joyeux du malheur de mon ennemi, Si j'ai sauté d'allégresse quand les revers l'ont atteint,
[30]
Moi qui n'ai pas permis à ma langue de pécher, De demander sa mort avec imprécation ;
[31]
Si les gens de ma tente ne disaient pas : Où est celui qui n'a pas été rassasié de sa viande ?
[32]
Si l'étranger passait la nuit dehors, Si je n'ouvrais pas ma porte au voyageur ;
[33]
Si, comme les hommes, j'ai caché mes transgressions, Et renfermé mes iniquités dans mon sein,
[34]
Parce que j'avais peur de la multitude, Parce que je craignais le mépris des familles, Me tenant à l'écart et n'osant franchir ma porte...
[35]
Oh ! qui me fera trouver quelqu'un qui m'écoute ? Voilà ma défense toute signée : Que le Tout Puissant me réponde ! Qui me donnera la plainte écrite par mon adversaire ?
[36]
Je porterai son écrit sur mon épaule, Je l'attacherai sur mon front comme une couronne ;
[37]
Je lui rendrai compte de tous mes pas, Je m'approcherai de lui comme un prince.
[38]
Si ma terre crie contre moi, Et que ses sillons versent des larmes ;
[39]
Si j'en ai mangé le produit sans l'avoir payée, Et que j'aie attristé l'âme de ses anciens maîtres ;
[40]
Qu'il y croisse des épines au lieu de froment, Et de l'ivraie au lieu d'orge ! Fin des paroles de Job.