Ps 51, 7
Voici, je suis né dans l'iniquité, Et ma mère m'a conçu dans le péché.
[1]
Éliphaz de Théman prit la parole et dit : [2]
Le sage répond-il par un vain savoir ? Se gonfle-t-il la poitrine du vent d'orient ? [3]
Est-ce par d'inutiles propos qu'il se défend ? Est-ce par des discours qui ne servent à rien ? [4]
Toi, tu détruis même la crainte de Dieu, Tu anéantis tout mouvement de piété devant Dieu. [5]
Ton iniquité dirige ta bouche, Et tu prends le langage des hommes rusés. [6]
Ce n'est pas moi, c'est ta bouche qui te condamne. Ce sont tes lèvres qui déposent contre toi. [7]
Es-tu né le premier des hommes ? As-tu été enfanté avant les collines ? [8]
As-tu reçu les confidences de Dieu ? As-tu dérobé la sagesse à ton profit ? [9]
Que sais-tu que nous ne sachions pas ? Quelle connaissance as-tu que nous n'ayons pas ? [10]
Il y a parmi nous des cheveux blancs, des vieillards, Plus riches de jours que ton père. [11]
Tiens-tu pour peu de chose les consolations de Dieu, Et les paroles qui doucement se font entendre à toi ?... [12]
Où ton cœur t'entraîne-t-il, Et que signifie ce roulement de tes yeux ? [13]
Quoi ! c'est contre Dieu que tu tournes ta colère Et que ta bouche exhale de pareils discours ! [14]
Qu'est-ce que l'homme, pour qu'il soit pur ? Celui qui est né de la femme peut-il être juste ? [15]
Si Dieu n'a pas confiance en ses saints, Si les cieux ne sont pas purs devant lui, [16]
Combien moins l'être abominable et pervers, L'homme qui boit l'iniquité comme l'eau ! [17]
Je vais te parler, écoute-moi ! Je raconterai ce que j'ai vu, [18]
Ce que les sages ont fait connaître, Ce qu'ils ont révélé, l'ayant appris de leurs pères. [19]
A eux seuls appartenait le pays, Et parmi eux nul étranger n'était encore venu. [20]
Le méchant passe dans l'angoisse tous les jours de sa vie, Toutes les années qui sont le partage de l'impie. [21]
La voix de la terreur retentit à ses oreilles ; Au sein de la paix, le dévastateur va fondre sur lui ; [22]
Il n'espère pas échapper aux ténèbres, Il voit l'épée qui le menace ; [23]
Il court çà et là pour chercher du pain, Il sait que le jour des ténèbres l'attend. [24]
La détresse et l'angoisse l'épouvantent, Elles l'assaillent comme un roi prêt à combattre ; [25]
Car il a levé la main contre Dieu, Il a bravé le Tout Puissant, [26]
Il a eu l'audace de courir à lui Sous le dos épais de ses boucliers. [27]
Il avait le visage couvert de graisse, Les flancs chargés d'embonpoint ; [28]
Et il habite des villes détruites, Des maisons abandonnées, Sur le point de tomber en ruines. [29]
Il ne s'enrichira plus, sa fortune ne se relèvera pas, Sa prospérité ne s'étendra plus sur la terre. [30]
Il ne pourra se dérober aux ténèbres, La flamme consumera ses rejetons, Et Dieu le fera périr par le souffle de sa bouche. [31]
S'il a confiance dans le mal, il se trompe, Car le mal sera sa récompense. [32]
Elle arrivera avant le terme de ses jours, Et son rameau ne verdira plus. [33]
Il sera comme une vigne dépouillée de ses fruits encore verts, Comme un olivier dont on a fait tomber les fleurs. [34]
La maison de l'impie deviendra stérile, Et le feu dévorera la tente de l'homme corrompu. [35]
Il conçoit le mal et il enfante le mal, Il mûrit dans son sein des fruits qui le trompent.